Tupiza et le Tour Sud Lípez-Uyuni
Avant de narrer nos nouvelles aventures, je me dois de vous dire que ces derniers jours n'ont pas été des plus faciles. Une tragique nouvelle nous est á nouveau parvenue de France et il est impossible de se sentir en paix alors qu'á la maison, nos proches surmontent une des épreuves les plus difficiles de leur vie. Cela fait sûrement partie du voyage de se sentir impuissant, isolé voire égoiste, mais vraiment j'ai souhaité tellement fort ma petite soeur d'amour te serrer dans mes bras, que j'en ai rêvé et c'était bon. Je pense tout le temps á vous et ai très hâte de vous retrouver.
Le frontière, y'a pas de doute, on est en Bolivie! Yepaaaaaaaaaaaa!
On est toujours en Argentine, les coqs chantonnent, il est grand temps de replie le camp pour la Bolivie. On a la sensation qu'il s'agit d'un voyage dans le voyage, d'un second départ, et d'ailleurs notre phrase fétiche de début janvier se dépose á nouveau sur nos lèvres :" ça y est c'est parti!"
Le passage á la frontière est épique. Un chemin surplombe la route : une vraie fourmilière humaine s'active, des centaines de personnes chargées comme des mulets de paquets deux fois plus gros qu'eux, atteignent á la queue leu leu et en courant le poste de frontière, puis repartent en sens inverse démunis de leur packettage et toujours en courant. Cette première image nous laisse bouche bée.
Le tampon apposé, on apprécie l'intense activité humaine qui nous rappelle celle déjá vue au Chili, á la gande différence qu'ici, en Bolivie, les traditions vestimentaires perdurent et apportent de la lumière á toutes ces fourmis. Les femmes sont pour la plupart nattées.. Les nattes se joignent á leur extrémité et elles insèrent dans leur noeud de petits pompons de laine. Un chapeau, melon ou de paille, apporte une certaine classe á ces petits bouts de femmes. Chaussées de mocassins ou sandalettes noires, elles enfilent des bas de couleur chair ou en laine qui parfois viennent rompre leur élégance en glissant jusque la cheville. Elles superposent un chiffre indénombrable de jupons sur lesquels s'ajoute une jupe. Elle ajustent un petit chemisier blanc brodé. Faut les voir ces petites bonnes femmes aux expressions dures!
On emprunte le train, classe populaire pour rejoindre Tupiza. 3 heures durant, on observe les paysages, les moindres villages traversés oú s'exclament les vendeurs ambulants de maté de cca ou de humitas (maïs en puré cuit dans des feuilles), les gens dans le train: Leur façon d'être est tellement á l'opposé de l'extravagant porteño!
Tupiza, ou la rencontre avec la Bolivie au galop
Au petit matin, on file á la recherche du petit dej' : des vendeurs ambulants (encore!) poussant des chariots d'oranges roulent dans chaque artère de la ville. A nous le vrai jus d'O! Nous allons nous réapprovisionner au marché du coin et en profitons pour en prendre plein la vue: Un amoncellement de personnes devant de mini baraques, á même le sol ou encore recroquevillés sous des escaliers... gagnent leur croûte en happant le passant. Le reste de la journée, la prospection sera de mise et c'est ainsi que le lendemain on enfile nos costumes de gaucho.
J'appris ce matin lá la triste nouvelle venue de France, c'est donc bouleversés que nous avons entrepris ce trek á cheval.
Le bob posé sur le crâne, on chevauche tous les quatre (jo et Steph) notre étalon. Junior, 16 ans, sera notre guide á la parole laconique. Dès les 1ers km, on s'aperçoit que nos chevaux nous guident plus que l'inverse. Le mien semble d'ores et déjà têtu. Après avoir longé un bout de chemin de fer, on bifurque vers des endroits vierges. Tout au long de la journée, les paysages s'offriront une nouvelle fois á nous sous leur meilleur jour : Massifs rocheux ocres, montagnes multicolores, canyon rouge, un vrai farwest bolivien. Les premiers pas en tant que cavalier nous procurent grande satisfaction. Les choses commencent á se compliquer lorsque "Yaco", mon équidé, toujours en tête du groupe, rejoint au trot puis au galop le groupe qui nous précède... Je tente de l'arrêter, en vain. Je ne parviens pas á avoir le dessus. Vincent arrive á ma rescousse, cette tête brûlée freine enfin sans pour autant stopper. Je le saisis fermement, mais cette tentative de pouvoir ne lui plait guère et il décide d'exprimer son mécontentement en se cabrant. N'oublions pas que c'est la première fois pour nous deux que l'on s'adonne aux joies de l'équitation! Ces cinq minutes d'adrénaline sont trop précoces pour que je puisse les apprécier. Junior, notre baby guide, me prète donc son canasson, bien plus docile! Après cette épisode de trouille, ça ne sera que du bonheur (sauf pour nos genous et nos fesses!) On partira de temps en temps au galop (contrôlé cette fois ,-) ), on se sent libre. Pour finir en beauté cette intense journée, on traverse un rivière, impression de ne faire qu'un avec la nature.
Epuisés par tant d'émotions, on arrive á Espinaza, hameau reculé, qui nous ouvre ses portes le temps d'une nuit. Le temps s'est arrêté ici. Toutes les maisons sont en pisé, toit de chaume, elles s'accordent harmonieusement avec les flancs montagneux qui les protègent du vent. Minuscules, on en verra pas l'initérieur malgré la curiosité qui nous ronge, mais on restera apprécier leur "corral", petite cours oú s'entassent moutons, ânes, boucs, chèvres, coqs... On est si loin de notre confort luxueux habituel. Parfois, on a le sentiment que le village est déserté d'êtres humains, mais non, ils apparaissent discrètement, le dos chargé de maïs pour nourrir les bêtes.
Petit lever de soleil pour 20100 et Steph, il semblerait que ce fut encore un moment inoubliable.
Aux premières lueurs, on se laisse á nouveau porter par nos chevaux. Notre derrière n'apprécie que moyennement le trot... alors durant la matinée, nous ne ferons que marcher, façon d'appréhender chaque détail des villages traversés, tout aussi isolés les uns que les autres, des forêts de plumeaux, des rigoles de rivières qui de temps en temps nous trempent les pieds de par leur profondeur. Le temps n'existe plus. Puis, l'après midi, on longera la foie ferrée, la majeur partie du temps au galop, défiant les chiens de passage. On rentre totalement exténués de ces deux journées éprouvantes, on n'est pas prêt de traverser la Patagonie á cheval.
Durant notre journée de "repos", on va explorer la ville. A chaque coin de rue, il se passe quelquechose d'insolite : défilé de chars remplis d'élèves qui célèbrent les noces d'argent de leur collège, reconstitution du chemin de croix par un autre collège, des jeunes qui s'amusent á en attraper d'autres et de les balancer jambe écartés sur un poteau... (ouille...), féria du maïs, puis nous voilà sans même nous en être rendus compte dans un des nombreux marchés de Tupiza : un énorme hangar dans lequel s'entassent des centaines de vendeurs dans leur magasin riquiqui . Echoppes scolaires, de coca, de friandises, de vêtements, de pneus, de câbles, de TV, ou encore un stand de produits mécaniques tenu par une jeune fille qui se remaquille dans un rétroviseur... Un vrai souk marocain en plus désordonné!
Sud Lípez - Uyuni, quelques merveilles de la nature, on se fait dorlotés pendant 4 jours
A l'aube, nous nous précipitons tous les 4 dans la jeep qui sera notre repère pendant 4 jours. Rubén sera notre chauffeur guide qui s'avéra d'une extrême prudence et flexibilité, et Ada, sa femme, une cuisinière hors pair qui nous a régalé pendant 4 jours! Malheureusement nos intestins ont profité de notre insouciance pour copiner avec une bactérie, mais rien de méchant.
Il est difficile de décrire ces qutre jours tant nos yeux ont engloutis de bijoux. Mais je pense que la première est la rencontre avec les tant espérés lamas, si adorables avec leurs petits rubans colorés. (signe distinctif des troupeaux, ce qui peut s'avérer utile pour les propriétaires et offrande une fois l'année á la Pacha Mamá). Le premier jour, nous atteind atteind 4300 m d'altitude, l'air se raréfie, et silloné á travers des vallées de volcans, l'Aguapompa (plaines oú vivent pépères lamas, ânes, vigognes, un village fantôme totalement abandonné car le diable y règne! Et oui! Une mine d'argent se trouve á ses côtés et il paraitraît que les mineurs devenaient tous fous et s'entretuaient. Le toit de la centaine de maisons a disparu, un vent sifflant s'abbat sur le village, une atmosphère étrange est présente, surtout lorsque derrière un mur sautillent tranquillement quelques énormes lapins verts, oui on n'hallucine pas, ce sont des Vizcayas! Le cimetière est encore fleurie, quelques morceaux de poteries traînent un peu partout, une église surplombe le tout et la dernière maison "visitée", c'est le crâne dont ne sit quoi qui accueille le voyageur égaré. Un endroit fascinant!
Deuxième jour : On a la chance d'observer une multitude de lagunes, toutes aussi surprenantes les unes que les autres. Les plus marquantes restent "la laguna verde ", qui n'a rien de verte lorsqu'on s'y approche vers 10h, mais qui peu á peu se transforme littéralement jusqu'á l'obtention d'un vert turquoise captivant.
Après ce tour de magie offert par mère nature, on va faire trempette dans des thermes á 37 degrés, 4200m d'altitude. Drôle et agréable senstion d'avoir trop chaud en maillot de bain le nez pointé sur les cols enneigés!
La découverte suivante vient confirmer l'intense activité volcanique souterraine : les Geysers, 5000 m, Sol de mañana. On se sent si petit face á ces chaudrons bouillonants! Des vapeurs pouvant atteindre les 200 degrés s'échappent de certaines cavités et surprennent les visiteurs. L'endroit ressemble á une crêpe géante qui cloque sous un feu vif, ou á une cuisine gigantesque oú seraient entreposées des dizaines et dizaines de casseroles dans le sol, chacune ferait bouillir plus ou moins violemment des substances grisâtres, beiges, verdâtres, marrons, jaunes, rosâtres, rouges. Et ça explose de partout! Un petit bain? A vous de choisir á quelle température vous voulez être cuits!
Après ce plat de résistance, direction le dessert, et la lagune qui obtient la palme d'or : la laguna colorada Une eau rouge! Si rouge! cela est dû á la présence d'une algue rouge dégustée par les colonie de Pink Floyd! Ca se passe de commentaire...
Troisième journée : La température est largement en dessous de zéro. Lacs gelés... et on s'approche pour le lever du soleil vers l'arbre de pierre, soit le désert de siloli. On y serait bien resté malgré le bout des doigts congelé. Puis direction le déserts des roches, une sorte de vallée de granit rose sans que ce soit du granit...... et enfin, le cher, le l'incroyable Salar de Uyuni!
Cette année, la saison des pluie en Bolivie a été tardive et importante. De manière á ce que l'on ne pourra l'apprécier que sous quelques centimètres d'eau et simplement á l'entrée, le reste étant beaucoup trop inondé. Le salar c'est l'équivalent de deux départements français. Les hommes s'acharnent tout au long de l'année á y extraire le sel pour la consommation des boliviens. Et pendant ce temps lá, les voyageurs du monde entier viennent scruter l'horizon inexistante de cet endroit paradisiaque.
Alors, ok, nous n'en avons vu qu'une partie (mais on espère bien y retourner dans deux trois mois), mais au coucher et lever du soleil. Nous avons eu l'impression pendant tout ce temps d'être sur une autre planète, tant la vue était hallucinante, les reflets éblouissants, déconcertants... Il faut l'avoir vu pour comprendre ce que c'est. On s'est aussi amusé comme des gosses aux traditionnels effets d'optique. A vous de juger!
Nous sommes á présent á Potosí, une ville magique au destin incoutournablement lié á l'histoire ancienne, actuelle et tragique de ses mines. Suite au prochain épisode!
On pense fort á vous et surtout á la famille proche. On se sent si loin de vous!
Petits messages pour les deux trois collègues qui suivent le blog : Un petit stage dans une mine de Potosí aux quelques élèves récalcitrants et leur vision du monde serait bouleversée, vous pouvez me les envoyer!! J'espère que tout va bien á Sées et carrouges. Message pour Karine (á transmettre) : nous n'avons pas vu qu'un chien qui ressemblait á un dog argentin... donc pas de carte postale!! Sorry! mais j ai quand même la photo de ce drôle de chien. Bon courage á tous!
Los dos mochileros, desde Potosí, 21h35